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La disruption provoquée par le changement climatique ne fait que commencer et les marchés n’y sont toujours pas préparés

Nous n’en sommes qu’au tout début d’une longue période durant laquelle le changement climatique va avoir un impact significatif sur les marchés financiers. Plusieurs études montrent que les investisseurs n’y sont absolument pas préparés, expliq

Les marchés financiers ne sont pas préparés à la disruption causée par le changement climatique. Selon une étude des Nations unies, les marchés sont encore loin d’avoir intégré dans les cours les changements nécessaires pour lutter contre le changement climatique. La Schroders Global Climate Change Team est également convaincue que la disruption causée par le changement climatique n’est pas suffisamment prise en compte par les marchés. En général, les marchés financiers sont parfaitement capables de tenir compte d’événements à court terme, comme des petits changements dans les perspectives commerciales. Mais ils sont incapables d’intégrer dans les cours l’incertitude, les points de basculement et la disruption à long terme. Or, ce sont autant de conséquences du changement climatique…

Aveugle à la disruption

Les marchés ne parviennent pas à intégrer la disruption dans les cours. La direction des entreprises a souvent tendance à nier la disruption. Même quand elle perçoit une menace pour l’entreprise même, elle ressent souvent le besoin de protéger ses sources de revenus existantes. Les investisseurs ont aussi tendance à trop se focaliser sur les flux de trésorerie à court terme d’une entreprise en disruption, se rassurant par le fait que les actions sont « peu chères » par rapport aux bénéfices actuels, pour ensuite s’étonner lorsque la performance de l’entreprise commence à se détériorer.

Les marchés ont récemment accordé beaucoup d’attention au charbon comme étant l’actif échoué par excellence. Les prix du charbon ont chuté et les annonces de fermeture de centrales électriques alimentées au charbon se succèdent. Mais on accorde moins d’attention à d’autres secteurs de l’économie qui vont subir une disruption liée au changement climatique. L’immobilier et l’aviation en sont deux exemples.

L’aviation va connaître des jours difficiles

L’industrie de l’aviation sort d’une période très florissante. La croissance économique et le développement du tourisme ont donné des ailes au secteur. Au cours des dix dernières années, le secteur a atteint un rendement annuel de 13,8 % contre 6,8 % pour l’indice MSCI World. Mais l’industrie du transport aérien ne dispose pas encore de solutions technologiques permettant de réduire de manière substantielle les émissions de CO2. L’expansion du secteur est donc en totale contradiction avec la plupart des nouveaux objectifs et ambitions à long terme fixés par les gouvernements. La baisse des coûts pendant plusieurs décennies a favorisé la croissance du transport aérien, mais les prix vont à présent augmenter soit pour limiter la croissance de la demande, soit pour simplement prendre en compte le coût des émissions de CO2 par ce secteur d’activité.

Une étude de Sanford Bernstein montre que 40 % des bénéfices de l’année dernière dans le secteur de l’aviation s’envoleraient en fumée si le secteur devait payer le coût de ses émissions de CO2. Ce coût s’alourdira considérablement à mesure que les émissions de CO2 continueront d’augmenter. Le secteur profite notamment des voyages d’affaires. La vidéoconférence peut constituer une alternative à beaucoup de voyages d’affaires. Si la prise de conscience gagne du terrain auprès des entreprises et qu’elles décident de mettre en place une politique de neutralité carbone, cela mettra la pression sur les nombreux voyages d’affaires.

Les valorisations immobilières sous pression à cause du changement climatique

Jusqu’il y a peu, les conséquences physiques du changement climatique n’étaient en fait qu’un élément théorique. Mais la répétition d’épisodes météorologiques extrêmes et l’élévation du niveau de la mer peuvent avoir un impact sur la valorisation des biens immobiliers.

Schroders a récemment analysé l’impact des ouragans de l’océan Atlantique sur la valeur des biens immobiliers dans les zones menacées (Floride, Caroline du Nord). Les banques éprouvent également des difficultés à intégrer ces données dans leurs prix. C’est important quand on s’attend à ce que les pertes triplent au cours des prochaines décennies en raison des inondations dans le sud de la Floride. Or, c’est exactement l’intervalle de temps qui correspond à la durée de la nouvelle hypothèque américaine type. En même temps, les compagnies d’assurance sont relativement promptes à adapter les primes en fonction de l’augmentation des inondations et des pertes. Les propriétaires de maison sont confrontés à une hausse des coûts d’assurance et la valeur de leur bien est sous pression.

La valeur des avoirs reste longtemps insensible aux facteurs qui surviennent, jusqu’à ce qu’une masse critique soit atteinte, qui fait que cette nouvelle donnée est prise en compte dans les décisions d’investissement. Cela peut avoir une incidence dramatique sur les valorisations. D’après les spécialistes de Schroders, nous ne sommes qu’au tout début d’une longue période durant laquelle le changement climatique aura un impact de plus en plus important et significatif sur les prix des actifs.

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