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Le changement climatique menace-t-il les obligations catastrophes ?

Les Insurance-linked securities (ILS) sont en étroite corrélation avec les catastrophes naturelles. Néanmoins, Beat Holliger, Head of Product Management, ILS, et Dr Christophe Etienne, Senior Natural Catastrophe Bond Specialist chez Schroders, estiment que l’impact du changement climatique sur cette catégorie de placements est limité.

Le changement climatique exerce un effet négatif sur un portefeuille ILS ou sur le marché ILS dans son ensemble, mais il ne rend pas ce type d’instruments d’investissement moins attractif. Au contraire, on peut même noter quelques effets secondaires positifs.

Le changement climatique n’est pas, par définition, la cause des catastrophes naturelles

Ces dernières années, de grandes catastrophes naturelles se sont produites, comme des ouragans ou des incendies de forêt dévastateurs. Le changement climatique est-il à l’origine de ces catastrophes naturelles, ou les aggrave-t-il ? Il y a là matière à discussion. Les études relatives à l’impact du changement climatique sur la fréquence ou la gravité des phénomènes climatiques extrêmes sont nombreuses. Un rapport de l’Intergovernemental Panel on Climate Change (IPCC, 2012 : Managing the Risks of Extreme Events and Disasters to Advance Climate Change Adaptation) évoque un niveau élevé d’incertitude dans les observations. Certaines observations indiquent la possibilité d’une augmentation du nombre d’ouragans sur l’océan Atlantique à cause du changement climatique, mais d’autres montrent que le changement climatique peut également entraîner la diminution du nombre d’ouragans qui atteignent les côtes.

Un autre horizon temporel

Les performances des ILS sont déterminées par la survenance ou l’absence de catastrophes naturelles. Il semble logique que le changement climatique influence le niveau de risque des ILS. Mais selon Holliger et Etienne, l’impact est plus mitigé que ce que l’on pourrait penser à première vue.

Le changement climatique est en effet un processus progressif, qui joue à long terme, alors que les placements ILS sont des placements à court terme. La majorité des catastrophe bonds, ou obligations catastrophes, ont une durée de trois ans, voire, pour certains instruments, de douze mois. Sur des périodes aussi courtes, l’influence du changement climatique est négligeable.

À plus long terme, le changement climatique influencera certainement le marché des ILS, mais cela ne vaut pas pour les instruments et portefeuilles ILS en cours. Pour voir l’impact à plus long terme, il faudra également tenir compte d’effets secondaires, comme les facteurs d’offre et demande, la revalorisation et la modification de l’exposition aux risques.

Un petit segment du marché subit les conséquences

Holliger et Etienne estiment que seule une petite partie du marché subit les conséquences du changement climatique. Seules les ILS qui couvrent les catastrophes naturelles sont touchées, et encore, cela se limite aux risques des assurances liées aux conditions météorologiques.

Les modèles « Catastrophe risk » sont développés pour constater l’impact économique des phénomènes naturels. Celui-ci est calculé sur la base du risque de perte résultant de toutes sortes de phénomènes naturels, comme les cyclones ou les tremblements de terre. Ils se basent sur une série de catastrophes naturelles potentielles, sont consignés dans ce qu’on appelle un « event catalogue », et simulés sur la base d’observations historiques.

Afin de tenir compte des éventuels effets du changement climatique sur la fréquence ou la gravité des événements naturels, les modèles catastrophes permettent de suivre une autre approche du risque. Les utilisateurs peuvent accentuer leur concentration sur les risques sous forme de modèles basés sur les événements climatiques actuels ou les plus récents. La modélisation des cyclones tropicaux pourrait donc mettre l’accent sur les schémas actuels d’augmentation de la température de la surface des océans plutôt que de considérer l’ensemble des enregistrements de la température de la surface des océans des 150 dernières années. Cela leur fournirait une image plus actuelle du risque potentiel de cyclones tropicaux.

Ce n’est pas parce que le changement climatique est susceptible d’accentuer l’importance et la gravité de phénomènes liés aux conditions météorologiques dans des domaines assurés que les instruments de placement deviennent plus risqués. Si le niveau de risque s’accroit, les investisseurs peuvent exiger une prime de risque plus importante en compensation.

Les coûts croissent au même rythme que l’augmentation de la population

La valeur assurée sur le marché des ILS concerne souvent des biens immobiliers. Au fil du temps, les normes se développent en même temps que les risques. Les pertes assurées relatives au danger naturel ont certainement augmenté dans les 20 à 30 dernières années. Mais la raison principale réside dans la croissance démographique qui augmente l’exposition aux risques. Les régions dans lesquelles le risque de catastrophe naturelle est plus important sont tout simplement plus peuplées. L’urbanisation et la concentration de valeurs dans ces régions entraînent une augmentation du risque de pertes en cas de catastrophe naturelle. Voilà le principal moteur du marché ILS. Une plus forte densité d’assurance entraîne l’augmentation de l’exposition.

Le réchauffement climatique peut, dans certaines régions, entraîner une plus grande fréquence et/ou gravité de certains phénomènes climatiques. S’il s’agit de régions très peuplées – déjà exposées ou nouvellement exposées – cela peut entraîner, à moyen-long terme, une augmentation de la demande de (ré)assurance, ce qui profitera au marché des ILS. Il en résultera soit une augmentation des primes payées, soit un élargissement du marché, offrant davantage d’opportunités. Comme le marché ILS se caractérise par le court terme, l’augmentation des primes n’aura aucun impact sur les portefeuilles ILS.

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