Si l’on considère la différence entre les taux d’intérêt les plus hauts et les plus bas, l’augmentation de taux aux États-Unis n’est que de 225 points de base (de 0,25 % à 2,5 %). Rien d’exceptionnel par rapport aux cycles précédents. Mais si l’on regarde la différence en pourcentage entre la situation de départ et le pic, la Fed a procédé à une augmentation de taux de pas moins de 900 % en 37 mois. Cela éclipse n’importe quel autre cycle, estiment les spécialistes de Schroders. Reste à savoir si la politique monétaire stricte des États-Unis n’a pas causé de dommages.
Combinaison de hausse de taux et de réduction de la taille du bilan
Parallèlement aux hausses de taux introduites, la Fed a également réduit la taille de son bilan de 50 milliards de dollars par mois, provoquant un resserrement supplémentaire. La Fed n’avait encore jamais procédé de la sorte. Fin 2019, cela a suscité une certaine agitation sur les marchés financiers.
Une politique plus stricte risque d’entraîner la contraction de la production économique et, à terme, une récession. Ce risque s’accroît en cas de forte hausse des taux. Si, dans le même temps, on réduit la taille du bilan, la liquidité du système diminue, la masse monétaire se contracte et la volatilité peut augmenter en cas d’arrêt des achats de titres et de renchérissement du crédit.
Dans le passé, les récessions sont souvent survenues après la constatation d’un faux pas de la Fed, provoquant l’inversion de la courbe de taux et dommageable pour la production. C’est peut-être la raison pour laquelle le président de la Fed, Jerome Powell, a récemment adopté un ton plus conciliant. Il a laissé entendre que, dans le contexte macroéconomique actuel, le resserrement de la politique monétaire était sans doute excessif. Il se peut que, lors des hausses de taux, l’économie ait été plus faible que ce que l’on pouvait penser.
Cette fois est peut-être la bonne
Il peut en aller autrement aujourd’hui. L’atterrissage en douceur de l’économie américaine appartient sans conteste aux possibilités. Les consommateurs ont permis une croissance de 2 % au cours des deux derniers trimestres. On s’attend, en 2020, à un recul de la croissance à 1,7 %, avant une reprise.
Par ailleurs, comme beaucoup d’autres banques centrales, la Fed a changé de cap en réduisant les taux et en recommençant à gonfler son bilan. Un pan important de cet assouplissement produira ses effets sur l’économie avec un certain retard et son effet global doit encore se faire ressentir.
Les taux neutres en vue
Même si la croissance reprend, la Fed devrait provisoirement marquer le pas. Il faudrait que l’inflation augmente de façon substantielle pour qu’elle engage de nouvelles actions. Au cours du précédent cycle, le taux neutre s’établissait aux alentours de 4 %, mais en raison de différents éléments, il tourne aujourd’hui autour de 2 % à 2,5 %. Au premier abord, la Fed n’en est pas très éloignée, ce qui laisse probablement la possibilité, en cas de reprise économique, de rester « on hold ».
L’avenir nous dira si l’économie américaine peut sortir relativement indemne de ce resserrement sans précédent auquel nous avons assisté au cours du dernier cycle. Une chose est sûre : la Fed ne sera pas pressée de resserrer à nouveau sa politique de façon aussi agressive.