Raymond Poulidor s’est éteint la semaine dernière. Sans jamais avoir porté le maillot jaune sur les Champs-Élysées, « l’éternel second » laisse derrière lui l’image d’un héros. Malgré quatorze participations et sept podiums, son bilan sportif paraît léger au regard de sa popularité. On peut être tenté d’y voir des similitudes avec l’économie française au sein du peloton de la zone euro. Dans la compétition pour la croissance du PIB, la France se place derrière le maillot jaune allemand depuis quatorze saisons.
Échappant à la malédiction de Poulidor, la France voit son statut changer. Aux deuxième et troisième trimestres 2019, la croissance française a en effet été plus vigoureuse que l’allemande et sa contribution à la croissance de la zone plus importante. Le moteur français prend donc le relais dans une période clé à l’heure où l’Allemagne, victime d’une crampe industrielle sévère, évite de justesse une récession technique, c’est-à-dire deux trimestres consécutifs de légère contraction.
Si le cyclisme interdit le dopage, en économie, ce dernier est toléré, voire encouragé, sous la forme de stimulations monétaires et/ou budgétaires. Ainsi l’eurozone bénéficie-t-elle actuellement de la dernière prescription du docteur Draghi, dont les effets commencent à porter leurs fruits. Les conditions financières se sont assouplies et les données économiques d’octobre font état d’un timide rebond dans le cycle. Au niveau budgétaire, la stimulation est asymétrique puisqu’en France, le déficit budgétaire est attendu en hausse de 3,2%, tandis qu’en Allemagne, la rigueur budgétaire devrait permettre de dégager un excédent de 1% cette année. Cette rigueur germanique constitue par ailleurs un poids pour la croissance alors que l’endettement budgétaire « coûte moins que zéro » dans un univers de taux négatifs. Les indicateurs français d’activité des entreprises rebondissent plus fortement et les ventes au détail sont plus robustes qu’outre-Rhin. Les indices boursiers nationaux reflètent cette différence d’allure : le CAC 40 devance son homologue allemand de près de 5% depuis le début de l’année si l’on tient compte des dividendes pour les deux indices.
La France porte donc actuellement le maillot jaune des grands pays de la zone euro. Espérons qu’elle puisse entraîner dans son sillage son meilleur partenaire.
► Hausse surprise du chômage en France. A contre-courant des précédents chiffres, le taux de chômage français est légèrement remonté à 8,6% (8,4% attendu) au troisième trimestre, malgré des créations d’emplois en nette hausse par rapport au trimestre précédent (+6 200). Cette divergence s’explique par un effet « halo » : la reprise du marché de l’emploi pousse une partie de la population « non active » à reprendre sa recherche, faisant gonfler la population active, sans que la hausse des créations d’emplois soit suffisante.
► Impeachment : manœuvres sans conséquences. Les auditions devant le Congrès, à majorité démocrate, ont commencé, et avec elles une guerre des tranchées entre les deux grands partis américains. Pour le moment, la bataille semble se jouer surtout sur le terrain médiatique. Tant que la majorité républicaine restera unie derrière le Président, aucune chance pour que la procédure aboutisse à une destitution. A priori il faudrait une détérioration de la popularité de Donald Trump dans l’opinion pour qu’émergent les premiers signes de fracture.
L’actu. La marque au cheval cabré a publié des résultats du troisième trimestre 2019 supérieurs aux attentes des analystes. Le constructeur italien en profite pour relever ses perspectives dit La Financière de L’Echiquier.
Le producteur de voitures de sport de prestige a annoncé des résultats en hausse, avec un EBITDA dépassant les attentes du consensus de 5% et une croissance organique de 7% sur les voitures, de 12% sur les pièces détachées. Le management a profité de cette publication pour revenir sur la stratégie de la marque. La stratégie de diversification annoncée passera à court terme par une légère diminution des revenus de licence (moins de 5% du chiffre d’affaires du groupe aujourd’hui, 10% à moyen terme) et par le retrait du marché de tous les produits dérivés dégradant la marque. Les anticipations sur 2019 sont elles aussi, relevées avec un chiffre d’affaires désormais attendu à 3,7 milliards d’euros, un EBITDA à 1,27 milliard et des bénéfices par actions compris entre 3,7 et 3,75 euros.
En conclusion. La valorisation du groupe italien est revenue sur ses plus hauts niveaux historiques à 35,6 fois le P/E. Néanmoins, le consensus, qui intègre désormais cette nouvelle perspective, ne devrait pas revoir ses chiffres davantage à la hausse pour le moment.