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L’impact de l’invasion de l’Ukraine par la Russie sur le pétrole, le gaz et l’or

L’invasion russe en Ukraine est avant tout une tragédie humaine, écrit Mark Lacey, responsable des matières premières chez Schroders. Mais quelles sont les implications pour les marchés pétroliers et gaziers ? Et l’or est-il en train de devenir l’actif refuge ‘TINA’ (there is no alternative, il n’y a pas d’alternative), se demande James Luke, gestionnaire de fonds Métaux chez Schroders.

Le pétrole et le gaz restent hors d’atteinte

Actuellement, des sanctions ont été mises en place à l’encontre de personnes et de grandes institutions financières russes, mais les sanctions sur le pétrole et le gaz en provenance de Russie ont été explicitement évitées. Toutefois, ces sanctions entraînent une baisse de la demande de pétrole et de produits pétroliers en provenance de Russie. Ce recul de la demande en Europe sera néanmoins compensé par un accroissement de la demande en provenance de la Chine. À court terme, les flux de gaz naturel devraient être résilients, excepté en cas d’endommagement des infrastructures pendant le conflit. Schroders est toujours d’avis que l’offre russe restera disponible sur le marché. Un nombre croissant d’acheteurs européens et américains pourraient cependant décider de l’éviter afin de réduire les risques.

Effet limité sur l’approvisionnement en pétrole

La Russie exporte 5,5 millions de barils de pétrole brut par jour, dont plus de 3,5 millions sont destinés à l’Europe et le reste principalement à l’Asie. Environ 1,2 million de barils de produits pétroliers raffinés sont en outre exportés vers l’Europe.

En cas de prolongation des sanctions, les importations de pétrole pourraient être déplacées vers d’autres pays. Mais il existait déjà un déficit sur le marché pétrolier et cela pourrait s’accroître sensiblement en 2022. Et cette situation aura des conséquences à plus long terme pour le secteur pétrolier et gazier russe. Les investissements et les financements occidentaux risquent de se tarir et les acheteurs dépendant du pétrole et du gaz russes réduiront considérablement cette exposition au cours de la période à venir.

Les marchés mondiaux du gaz restent tendus

Une partie des exportations de gaz passe par l’Ukraine. M. Lacey s’attend à ce que les flux de gaz soient les moins perturbés. La Russie représente environ 35 % de toutes les importations de gaz. Un nouveau gazoduc (Nord Stream 2) a été construit, mais l’Allemagne a arrêté le processus d’approbation en raison des événements se déroulant en Ukraine. Ces deux dernières années, les flux passant par le gazoduc ukrainien ont diminué, en partie parce que la Russie détourne le gaz par d’autres voies et en partie pour répondre à la propre croissance de sa demande. Autrement dit, même en l’absence de nouvelles sanctions, le flux de gaz de la Russie vers l’Europe restera probablement limité en cas de poursuite de la guerre en Ukraine.

Accroissement de la demande de GNL

L’Europe tente de réduire sa dépendance vis-à-vis du gaz russe en augmentant considérablement ses importations de GNL (gaz naturel liquéfié). Mais l’Europe n’est pas la seule à chercher à importer du GNL. Au cours de la prochaine décennie, le marché de l’énergie éolienne devrait connaître une croissance d’au moins 150 % et celui de l’énergie solaire d’au moins 200 %. Cela ne signifie toutefois pas que la demande de gaz diminuera au cours de la même période. La demande de gaz naturel devrait augmenter d’environ 4 % par an au cours de la prochaine décennie afin de contribuer à combler le déficit de production d’électricité.

Une diminution des prix est-elle envisageable ?

À court terme, il ne semble pas y avoir de solution facile aux prix de l’énergie. Les États-Unis peuvent potentiellement devenir un exportateur majeur de gaz naturel dans les années à venir. M. Lacey est également frappé par le silence de l’OPEP dans cette crise. La capacité de réserve au sein de l’OPEP est limitée, mais l’Iran demeure un joker. Des négociations sont en cours concernant l’accord nucléaire avec l’Iran, ce qui permettrait à ce pays de vendre à nouveau du pétrole sur le marché international. En outre, un certain nombre de projets seront lancés à la fin de cette année, ce qui pourrait apporter un certain soulagement sur les marchés pétroliers.

Une autre possibilité est que de nouvelles hausses de prix du pétrole et du gaz entraînent une récession et un déclin plus marqué de la demande.

La demande d’or était déjà en hausse avant la crise

Le cours de l’or a bien résisté en janvier et au début février, malgré l’envolée des taux d’intérêt réels aux États-Unis, qui pèsent normalement sur le cours de l’or. Cela s’explique en partie par le stress géopolitique de la crise ukrainienne, et il pourrait en résulter une hausse du cours de l’or en cas d’aggravation du conflit ou si les sanctions n’ont pas l’effet désiré, déclare James Luke, gestionnaire de fonds Métaux.

Mais avant même que la situation ne dégénère, certains signes indiquaient que la demande institutionnelle d’or comme couverture commençait à devenir positive. M. Luke pense que cette situation perdurera jusqu’en 2022, quelle que soit l’évolution de la situation géopolitique.

Pourquoi les investisseurs devraient-ils investir dans l’or maintenant ?

Outre la recherche d’une réserve de valeur en période de tensions accrues sur les marchés, M. Luke pense que de nombreux investisseurs considèrent le prochain cycle de hausse des taux d’intérêt comme extrêmement risqué compte tenu du contexte macroéconomique anormal.

Les économies développées sont non seulement fortement endettées, mais elles sont également devenues dépendantes de mesures de relance monétaire et budgétaire massives. Si les mesures de relance sont supprimées et que les taux d’intérêt augmentent, on risque fort d’assister à des mécanismes de rétroaction négative affectant l’économie réelle et les marchés financiers.

Autrement dit, il est tout à fait possible que les hausses de taux d’intérêt et la suppression de l’assouplissement quantitatif aient un tel effet négatif sur les économies où les consommateurs souffrent déjà d’une croissance négative des revenus réels, qu’elles soient annulées dans un avenir assez proche. 

La probabilité de stagflation est élevée (c’est-à-dire une faible croissance et une inflation élevée/en hausse) et la possibilité que nous nous trouvions coincés dans une longue période de répression financière marquée par des taux d’intérêt réels négatifs est également élevée. En définitive, ce contexte macroéconomique est très positif pour l’or.

L’or devient ‘TINA’ ?

Dans l’ensemble, M. Luke reste d’avis que l’or se comportera bien en 2022. Bien que le conflit en Ukraine puisse favoriser de nouvelles hausses, il estime qu’avec peu d’autres options disponibles en guise de diversification des portefeuilles, l’or est en passe de devenir la valeur refuge ‘TINA’ (there is no alternative) dans les années à venir.  

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